Le tissu associatif français a toujours été et restera le moteur du sport électronique en France. Mais face à une forte augmentation de la spéculation dans ce marché hyper-concurrentiel, il devient difficile pour les associations de se projeter. La multiplication de nouveaux acteurs professionnels pousse les bénévoles à se questionner. Quelle dynamique pour nos associations ? Comment se développer et se financer ? Ce sont les questions évoquées le 17 juin 2017, lors du Dojo Esport.
Au tour de la table, 24 participants : des associations, des entreprises, des éditeurs, des clubs, des médias… Bref, une assemblée très hétérogène mais des positions communes. Premier constat, l’élan associatif est bien présent avec de nombreux volontaires qui souhaitent s’engager. Pourtant les associations expriment un sentiment pessimiste quant à leur développement.
Sommaire
D’un phénomène global vers un phénomène local
L’un des premiers problèmes perçu est indéniablement le financement. Les associations ont de plus en plus de mal à trouver des sponsors et ficeler des partenariats. De plus en plus d’acteurs se partagent une assiette sponsoring qui reste sensiblement la même au fil des années. Pour pallier ce manquement, une solution a été évoquée : effectuer un rapprochement auprès des localités.
Même dans une petite ville, les subventions versées à des associations culturelles ou sportives peuvent s’avérer importantes. Selon le centre national pour le développement du sport, les associations sportives touchent en moyenne 4 620€ de subvention annuelle. Les communes, les départements et les régions pourraient devenir l’une des principales ressources pour nos associations. C’est un véritable enjeu !
Olivier Ozoux, président aAa Gaming : “Comment régionaliser une discipline sans frontière ?”
Parfois inexistant, parfois difficile, le dialogue entre les gamers et les institutions publiques a besoin de progresser. Pendant le débat, Bertrand Perrin, directeur de cabinet du service des sports à la Mairie de Paris, rappelle : “La ville de Paris compte environ 2 000 associations sportives pour moins de 10 qui évoluent à très haut niveau.”
Développer la pratique amateur
L’idée circule rapidement autour de la table : le coeur de l’action associative doit résider dans le développement de la pratique amateur. Il faut tuer le mythe, un club associatif ne doit pas avoir pour vocation de devenir le nouveau Fnatic ! Cela passe par l’explication des rudiments de la pratique esportive, mais aussi par le travail avec les jeunes, dans des médiathèques, dans des collèges, des lycées.
Pour Stéphan Euthine, qui sera élu quelques jours plus tard président de France Esport : “Il faut organiser des événements où on peut venir jouer pour le plaisir. Il est important de mettre un terme à cette maladie du cash prize.” Développer une pratique amateur et locale sera le premier point d’ancrage vers un modèle calqué sur celui du sport associatif.
En plus de matérialiser un lien social, les associations pourraient devenir le premier relai d’information auprès des particuliers ou de parents inquiets. N’est-ce pas le rôle de personnes passionnées de sensibiliser et communiquer sur les bonnes pratiques ? Aussi, cela permettrait de développer un éveil à l’appartenance locale. Les clubs pourraient jouer sur ce chauvinisme, une manière de donner un nouvel enjeu, d’intéresser un nouveau public et aussi de sensibiliser ces fameuses localités.
Recensement et collaboration
Pendant cette discussion, deux autres vecteurs de développement ont été évoqués. Le premier consiste à effectuer un véritable travail de recensement du tissu associatif français. Quelques travaux universitaires, ainsi qu’un projet de concertation ont déjà été menés par le passé. Mais les résultats peu qualitatifs ne permettent pas de connaître le véritable poids politique de l’esport. Pourtant ces données seraient des éléments essentiels pour faire prendre conscience aux villes de l’importance du phénomène.
L’autre aspect met en avant la volonté des associations à vouloir collaborer et s’entraider entres-elles. Comment mutualiser des ressources aussi bien humaines que matérielles ? L’assemblée s’est rappelée de l’apogée connu par le circuit compétitif français lors du fonctionnement à plein régime de Lan Alliance et des Masters Français du Jeu vidéo. Ce groupement d’associations avait parfaitement réussi à mettre en place un pool de compétences et de matériel à disposition de chacune des associations membre. Ce qui avait eu pour effet d’augmenter la qualité de chacun des événements !
Comment créer des outils communs ? Des pistes de réflexions ont été abordées. Prenons l’exemple des médias communautaires. Si ces derniers se considèrent comme concurrents et mènent une course à l’audience, pourquoi ne pas créer une régie publicitaire commune ? Cela entraînerait une mutualisation des audiences et permettrait à ces acteurs de mieux négocier leur partenariats. Récemment Le Monde et Le Figaro viennent d’annoncer leur alliance concernant la publicité sur internet. Un projet qui mérite d’être étudié !
Comment collaborer avec les entreprises ? Enfin, des concepts ont été imaginés. Les associations ne sont-elles pas le premier promoteur de la pratique compétitive du jeu vidéo auprès de certains éditeurs ? Pourquoi ne pas imaginer une sorte de subvention versée pour contribuer à l’effort associatif ? Rappelons également que plusieurs entreprises font régulièrement appels à des membres engagés dans le tissu associatif lors d’événements. C’est une autre manière de pouvoir dégager un budget.
L’oeil de Smartcast
En résumé, ces quelques heures d’échanges ont été très riches. Si beaucoup d’interrogations restent encore en suspens dû à la diversité des sujets abordés, cette journée a permis de matérialiser un moment discussion en direct, un véritable besoin ! De là, une graine a germé : il s’agit de repenser nos associations. Pendant longtemps, le bénévolat a pallié un manque d’organisation professionnelle.
Maintenant que les éditeurs ont pris le relai, nos associations sont mises au défi. Il faudra être capable de se remettre en question pour continuer à développer leurs activités. Mais nul doute que celles-ci arriveront à franchir le pas, car ce qui rassemble tous ces bénévoles, c’est l’envie de partager une passion commune.