Pour l’édition 2019 du Dojo Esport, les associations étaient au rendez-vous. Un atelier de réflexion leur était consacré afin de débattre du développement de l’esport au niveau régional. Le point de départ établi par les deux intervenants du jour, Stéphan Euthine et Samy Ouerfelli, respectivement président et directeur des relations internationales chez France Esports était assez explicite : “Comment identifier les acteurs régionaux de l’esport et comprendre leurs besoins ?”
Pour Stéphan Euthine le constat est clair : “depuis plusieurs années, on observe une dynamique très positive sur l’ensemble du territoire français, mais il reste difficile d’identifier les acteurs régionaux et de composer avec eux”. C’est donc dans l’optique de redessiner collectivement la feuille de route de l’esport à l’échelle régionale, que ces trois points essentiels ont été abordés :
- Les pratiquants d’esport : que veulent-ils ?
- Les institutions : qui sont-elles ?
- Les acteurs de l’esport : quel rôle jouer ?
Le nombre de pratiquants d’esport a considérablement augmenté ces dernières années. On en dénombre 2 080 000 selon le dernier baromètre France Esports 2018, réalisé par Médiamétrie. L’un des premiers point abordé pendant ce workshop est la volonté des esportifs amateurs de participer à un plus grand nombre d’événements près de chez eux. Très vite on s’interroge : existe-t-il suffisamment de compétition ? Sont-elles bien réparties sur l’ensemble du territoire ? Comment attirer les joueurs à venir dans mon tournoi ? Finalement il est question de faire vivre un véritable circuit amateur.
Un des participants du workshop précise que c’est surtout “les événements les plus modestes peinent à communiquer” et donc à attirer les joueurs. Si des sites internet répertoriant les tournois amateurs existent, ils manquent encore de visibilité.
Quête de sens
Très vite, il est question du sens à donner et du rôle à ces événements locaux. Comment échanger sur les pratiques de l’esport ? Comment sensibiliser les publics ? Comment répondre aux problématiques de l’accessibilité liées au handicap ? Comment faire de la prévention avec les parents ? Il est très important pour les organisateurs d’être capable de se structurer et d’apporter des éléments de réponses. Beaucoup de jeunes se pose la question : “Comment devenir joueur professionnel ?” Devant le manque d’infrastructure, c’est dans les tournois locaux qu’on peut obtenir les réponses les plus crédibles.
Pour de nombreuses petites associations, la question centrale reste celle du financement. Quel modèle suivre ? L’organisation d’une LAN est assez onéreuse. Pour France Esport, l’objectif serait de marcher dans les pas du sport traditionnel. Notamment en priorisant des récompenses morales, comme le fait de devenir un champion reconnu sur son jeu, plutôt que des récompenses financières actuellement considérées comme inhérentes au monde de l’esport.
Se structurer par la base
L’esport a besoin d’une structuration par la base. Les participants s’accordent à dire qu’il faut d’abord se concentrer sur le développement d’un sport électronique amateur avant de travailler sur l’émergence d’une scène professionnelle. Un modèle déjà utilisé avec succès dans le monde du sport traditionnel. Sur la question du financement, le Ministère de l’Economie et des Finances assure qu’il “travaille à faciliter la création économique d’événements”.
Dans la salle, une autre idée émerge : l’élection d’un référent par région. Un porte-parole qui jouerait le rôle d’interlocuteur privilégié avec les institutions. De manière à simplifier les demandes de financement, clarifier les discussions avec les élus locaux mais aussi de créer des dynamiques de groupes dans les régions. Enfin les participants s’accordent sur un dernier point : il faut développer le statut des jeunes joueurs. Aujourd’hui des réflexions sont lancées sur la création de filière “sport-étude” pour les esportifs.
L’oeil de Smartcast :
En définitif, l’échelon régional semble indispensable pour pérenniser le développement de l’esport en France. Pour ce faire, les acteurs du domaine associatif vont devoir s’appuyer sur des modèles ayant déjà fait leur preuves. On pense notamment au sport ou à la musique.
Une structuration par la base permettrait d’instaurer des fondements solides. En se concentrant sur l’organisation d’événements locaux et régionaux, les associations pourront donner vie à un véritable circuit amateur. Dans cette dynamique, ils pourront devenir les interlocuteurs privilégiés auprès des institutions, mais aussi des pratiquants. Avec la désignation d’interlocuteurs régionaux, les discussions avec les élus se verraient simplifiées. En joignant leur force, les associations pourraient voir leur projet intégrer celui de la vie des régions. Et pourquoi pas à terme, imaginer l’éclosion de maisons régionales de l’esport qui pourraient se voir doté d’installation esportives ou permettre la mutualisation d’équipements pour l’organisations des événements de la région.