YouTube Gaming met la pression à Twitch ! La plateforme de streaming a obtenu les droits de diffusion exclusifs des Esports Championship Series (ECS). Avec cette acquisition, YouTube renforce son positionnement dans l’esport. Mais avec une audience esport fidélisée sur Twitch, cet engagement permettra-t-il à YouTube Gaming de concurrencer la plateforme du géant Amazon ?
A l’origine, les stratégies des deux plateformes étaient complètement différentes. Mais aujourd’hui les deux entités semblent de plus en plus se faire front. Twitch se diversifie avec Twitch Presents, une chaîne dédiée pour développer des opérations spéciales. Le marathon Power Rangers lors du mois de mars en était le premier exemple. Cette antenne a diffusé tous les épisodes de la série pendant plusieurs semaines, jusqu’à la sortie du film au cinéma. Notons également la mise en place de Amazon Pilots, qui teste des pilotes télé sur Twitch pour prendre la température auprès d’une audience importante.
De son côté, YouTube développe sa branche gaming en étoffant sa grille de programme et en proposant des compétitions exclusives sur son antenne.
YouTube Gaming, c’est avant tout la puissance et la technologie Google. La création de cette plateforme offre une facilité de trafic entre les lives et les VODs. Pourtant lorsqu’il s’agit de streamer en live, de nombreux youtubers redirigent leur communauté vers Twitch. Ils perdent ainsi un potentiel d’audience naturel par rebond en utilisant deux plateformes distinctes.
Pourquoi ne pas garder YouTube Gaming comme plateforme unique ? Si nous regardons certains streamers français populaires comme Zerator, Le Roi Bisou ou Domingo, une grande différence existe entre les abonnés YouTube et les followers Twitch.
Zerator : 493 100 abonnés YouTube & 283 771 followers Twitch
Domingo : 428 301 abonnés YouTube & 294 805 followers Twitch
Le Roi Bisou : 257 362 abonnés YouTube & 13 104 followers Twitch
Du point de vue des streamers, on peut penser à diverses raisons comme le fonctionnement de régie publicitaire, ou bien le système de don. Ces aspects relatif à la rémunération des streamers pèsent dans la balance en faveur de Twitch pour le moment.
“Sur YouTube c’est une façon de consommer qui est tellement différente. Sur Twitch il y a moyen récolter de l’argent parce que c’est ancré dans la tête des gens : s’abonner pour soutenir, faire des dons pour soutenir. […] Ce n’est pas du tout la même communauté.” – Le Roi Bisou sur le plateau de BO3 Talk. Et si la possibilité de faire des dons sur YouTube Gaming était développée, est-ce que les viewers auraient ce réflexe ?
Les spectateurs ont eux aussi leurs habitudes sur la plateforme d’Amazon. YouTube Gaming est un site à part entière, avec son contenu et des habitudes de consommation. On va sur Twitch pour consommer du live et sur YouTube pour de la VOD. La transition entre les deux plateformes est à sens unique.
D’autres acteurs pénètrent aussi le secteur, renforçant la concurrence. Twitter diffusera en live des compétitions et du contenu original esport. Grâce à son partenariat avec ESL One, IEM et DreamHack, plus de quinze événements officiels seront disponible sur le réseau de microblogging. ESL produira aussi du contenu original avec des vidéos highlights et coulisses pour suivre la compétition de plus près. Les livestreams seront une occasion pour les marques de vendre des placements publicitaires, et utiliser Twitter comme promoteur.
Facebook a, quant à lui, signé un partenariat avec Blizzard en juin 2016 pour faciliter le partage de contenu vidéo des jeux de l’éditeur. Activé en concordance avec la sortie d’Overwatch, le partenariat a été utilisé comme relai marketing pour la licence AAA, et offre maintenant la possibilité de se connecter aux jeux Blizzard avec son compte Facebook. Aujourd’hui, c’est par le biais de Facebook Live que l’entente entre les deux structures continue, utilisant la plateforme sociale comme livestream. Heroes of the Dorm (la dernière édition est diffusée exclusivement sur Facebook) est l’exemple le plus concret de ce partenariat entre les deux géants.
L’oeil de Smartcast :
Alors que les deux plateformes se disputent le marché, d’autres acteurs puissants font irruption et viennent jouer les troubles fêtes. Une tendance se dessine, celle de la segmentation d’un marché. Pour comprendre ce phénomène, on pourrait parler de communautés de spectateurs qui semblent être fidèle à une plateforme, plutôt qu’à un contenu ou une personnalité. Ces dernières sont donc bien différentes d’une antenne où d’une chaîne de télévision sur laquelle on zappe en fonction des contenus.
Si les stratégies de YouTube Gaming et de Twitch semblent se rapprocher, rien ne dit que l’audience choisira une plateforme plutôt qu’une autre. Néanmoins cette mise en concurrence est de bon augure pour le marché car cela pousse chaque diffuseur à améliorer sa plateforme ou à négocier des contrats d’exclusivités. Les organisateurs de compétitions s’assurent ainsi une nouvelle source de revenu. Dans ce nouveau paradigme, les acteurs devront innover. Se crée ainsi un cercle vertueux qui profitera aux marques souhaitant investir tout en améliorant la qualité des contenus produits.