Quel est l’ impact économique du plus grand festival du gaming au monde sur une ville comme Tours ? Encore aujourd’hui, il n’existe que très peu de données concernant les retombées économiques d’un tel événement. Pour y voir un peu plus clair, SmartCast vous propose quelques estimations… ninja !
D’abord, ces retombées peuvent-elles être importantes ? Et bien oui ! Et nos élus, les experts et autres observateurs feraient bien de s’intéresser de plus près à ces données. Située en Pologne, Katowice, est la ville qui héberge la finale des Intel Extreme Masters, l’un des circuits les plus importants du monde. Avec ses 300 000 habitants, la 10e ville de Pologne est aujourd’hui considérée comme la capitale mondiale du sport électronique. Autre fait notoire, avec ses 100 000 visiteurs, l’événement représente 25% du tourisme annuel de la ville. Un impact économique qui ne peut plus être ignoré.
Cette année, la deuxième édition de la Dreamhack Tours a rassemblé environ 8 000 visiteurs et un peu plus de 1000 joueurs. D’après les organisateurs, l’affluence affiche un léger progrès depuis l’année dernière. Les chiffres qui vont suivre sont issus d’estimations basses. Ces der
nières sont basées sur des informations échangées avec des commerçants pendant les 3 jours de l’événement et comparées avec des études d’impact économique plus traditionnelles. Pour rappel : Tours est la 27e ville de France et compte 135 000 habitants.
Impact économique
Avec plus de 1 000 joueurs, 150 journalistes et plus de 200 personnes qui travaillent sur les stands de la DreamHack, cela fait du monde qui cherche un endroit où dormir. D’après plusieurs hôteliers, la vingtaine d’établissements du centre de Tours affichaient complet pendant les 3 jours de l’événement. Après un rapide calcul effectué avec les commerçants locaux, cela représenterait environ 1200 nuitées. Nous parlons aussi bien d’hôtels 2 que 4 étoiles. Dans nos estimations basses, nous considérons le prix moyen d’une chambre dans le centre de la ville à 80€ et la durée moyenne d’un séjour à 2,5 jours. Ce qui représente une manne financière de 240 000€ pour les professionnels de l’hôtellerie pendant la durée de l’événement. Nous ne prenons pas en compte les réservations Air BnB ou l’hébergement mis en place par la Dreamhack pour les joueurs dans le gymnase des Minimes.
Pour ce qui est de la restauration, nous avons échangé avec certains professionnels qui nous ont conseillés de nous concentrer sur le repas du midi (7€) et celui du soir (15€) soit un budget de 22€ par personne et par jour. Après 3 jours d’événements, les visiteurs de la DreamHack auraient dépensé plus de 614 000€. Nous avons pris le soin de comparer ces données avec les résultats de plusieurs études d’impact économique, pour vérifier si nous étions toujours dans les clous. Dans cette étude, la dépense journalière d’un spectateur est de 30,50€. Avec un public plutôt jeune, le budget de 22€ semble raisonnable.
La Dreamhack permettrait donc de générer près de 854 000€ de retombées économiques pour les commerçants de la ville. Pour comparaison, ces retombées sont assez proches de celles générées par l’accueil d’une étape du Tour de France. L’autre chiffre que nous pouvons faire ressortir, c’est la recette issue de la billetterie. L’entrée visiteur est comprise entre 15€ et 35€ (3jours), l’entrée pour les joueurs est à tarif fixe, soit 58€. A l’issu des 3 jours, la billetterie aurait généré près de 252 000€. Une somme qui doit être répartie entre l’organisateur, Malorian SARL, la marque DreamHack AB et Tours Evénement qui est la société publique à qui appartient le Palais des congrès le Vinci.
Les retombées économiques de la Dreamhack Tours sont comparables à celles générées par l’accueil d’une étape du Tour de France.
Cette année, Serge Babary, le maire de la ville se rendait pour la première fois sur l’événement. Nous avons pu le rencontrer sur place. Nous voulions le faire réagir sur nos chiffres compilés après la dreamhack, mais malgré nos relances, nous n’avons pas eu de réponse. Résumé de notre échange à la fin de sa visite :
« La ville de Tours compte beaucoup d’autres événements. C’est une ville plutôt animée qui accueille des événements comme la foire de Tours, un événement national qui voit venir, chaque année, environ 250 000 visiteurs. Je suis très partant pour pouvoir favoriser et développer ce genre d’événement qui accueille de nombreux jeunes qui viennent dynamiser notre territoire. Il y a pas mal d’enseignements à tirer de cet événement. Nous allons réfléchir à comment mieux mobiliser nos forces dans ce genre de défi. J’ai chargé mon adjoint au sport (NDLR : Xavier Dateu) de regarder comment accompagner des joueurs ou une équipe sur la durée. En tout cas faire simplement un coup d’éclat, ce n’est pas intéressant. Pour pouvoir profiter d’un réflèxe, il faut pouvoir péréniser et stabiliser ce genre de manifestation. »
A la lumière de ces chiffres, il est plus aisé de comprendre les enjeux de l’organisation d’un tel événement. D’ailleurs une commerçante avec qui nous avons pu échanger assure : « Dorénavant nous allons considérer la Dreamhack comme faisant partie des grands événements de la ville. » Au-delà de son impact économique, la tenue d’un tel événement joue également sur le rayonnement de la ville. Sur place, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se rendent à Tours. Sans quoi, peut-être que ces derniers n’auraient jamais eu l’occasion de s’y rendre. Mais c’est aussi une exposition sans comparaison sur la toile. L’événement est retransmis et ce sont plusieurs centaines de milliers de spectateurs qui vont porter une attention particulière à la ville pendant plusieurs jours. Cette année ce sont plus de 9 000 0000 de personnes qui se sont connectées pour regarder les compétitions.
L’oeil de SmartCast : On voit aujourd’hui que la démocratisation du sport électronique fait naître de véritables enjeux. Qui aurait pu penser qu’un festival de jeu vidéo pourrait avoir le même impact qu’une étape du Tour de France sur une économie locale ? Malorian SARL a signé un contrat de 3 ans avec Dreamhack AB. Avec ces chiffres encourageants, il reste encore un an aux organisateurs pour pouvoir transformer l’essai et péreniser cette compétition. Par ailleurs, nous invitons tous les regards avisés ou entités compétentes à compléter et préciser ce type de travaux. Pour notre part, nous nous ferons une joie de recommencer !